EKA, un anniversaire et la fin d’une histoire

Fév 11, 2023

Cette année EKA a dix ans.

Il y a dix ans j’en avais 30, j’étais pleine de rêves, d’énergie, tout me semblait possible dès le moment que le cœur me guidait. Et c’est avec mon cœur que j’ai ouvert EKA, entourée de si belles personnes : ma famille qui a rendu cela possible, mes ami-es qui m’ont aidée, et une équipe engagée. Cette équipe au cours de ces 10 années a maintes fois changé, excepté Kasey qui est toujours restée à mes côtés, lumineuse et inspirante. La communauté autour d’EKA s’est construite petit à petit, des personnes sont venues, certaines sont parties, mais toutes ont contribué à leur manière : en enseignant, en partageant leurs pratiques et leurs passions, en participant aux espaces que nous avons proposé. Et qu’est-ce que nous avons proposé de choses !

EKA a été rêvé comme un espace pluridisciplinaire, dédié au yoga, aux activités culturelles et créatives. Tellement d’activités ont pu être expérimentées, partagées ! De la visite d’un Rinpoché tibétain, à un concert de sitar électronique en passant par une performance Light box pour la Fête de la danse, des ateliers pour enfants, des cocons pour les mamans et leurs nouveaux-nés, de la thérapie de couleurs, des voyages sonores, des ateliers d’herboristerie…. La liste est si longue qu’en essayant de chercher dans mes souvenirs je réalise la richesse de tout ce que j’ai eu l’occasion de vivre grâce à ce lieu et aux personnes qui y sont passées.  

Et puis la vie a mis sur notre chemin une période tourmentée qui nous a éloigné les un-e des autres. Et qui a éloigné EKA de sa communauté.

Ma fille venait juste de naître quand l’épidémie de Covid a débuté. Alors pour mon tout premier « bébé », EKA, il a fallu trouver l’énergie, imaginer de nouvelles choses pour rester en lien, pour faire rentrer également suffisamment d’argent pour payer les frais qui eux ne se sont pas mis en pause. Je suis sortie de ma zone de confort, loin du bonheur de pratiquer dans le petit cocon d’EKA avec quelques personnes : faire des vidéos, décrypter les annonces du Conseil fédéral, scotcher le sol pour délimiter les espaces, nettoyer, expliquer, argumenter, écouter…. Il a fallu trouver une voix/voie commune pour une équipe qui ne partageait pas individuellement forcément la même approche quant à ce virus, au vaccin, au masque, au pass… Mais nous avons réussi à nous écouter, à nous respecter surtout et à garder un cap dans lequel nous étions honnêtes avec nous-mêmes et avec les autres.

Et puis les masques sont tombés, les espaces se sont réouverts et nous avons continué. Avec l’espoir que cela reprenne « comme avant ». Mais rien ne peut être comme avant. Tout bouge, tout change. Et j’ai changé. J’ai ressenti le vide de toute cette énergie dépensée pour soutenir EKA ces deux années durant. Alors l’équipe, cette merveilleuse équipe qui m’accompagne maintenant depuis plusieurs années : Stephanie, Régine, Sinclair, Alice et Kasey, s’est engagée pour compenser cette énergie que je n’avais plus. Nous avons développé un nouveau fonctionnement inspiré de la gouvernance partagée : chaque personne a donné de son temps, bénévolement, pour continuer à faire vivre EKA, pour continuer à rêver. Et les rêves ne sont pas ce qui nous manque !

Mais la réalité nous a rappelé que le temps est précieux, que l’argent est de l’énergie et que sans elle, malheureusement, il peut devenir difficile d’avancer. Alors malgré tout ce qui a été entrepris, en fin d’année passée j’ai partagé avec l’équipe que je désirais fermer l’Espace EKA. Cette décision, aussi difficile qu’elle soit, a été accueillie avec compréhension, acceptation. Personne dans l’équipe n’avait l’énergie d’imaginer reprendre le flambeau, de recréer un nouvel espace ailleurs, tout de suite. Chaque personne a une vie riche de passions, d’activités et il semble être le temps que nous puissions, que je puisse m’y dédier à nouveau un peu plus.

10 ans.
La fin d’un cycle.
La fin d’une belle aventure et le début d’autres choses.

Cette expérience m’a changée, m’a fait tellement grandir, apprendre, m’adapter. Aujourd’hui j’ai envie d’avoir le temps de goûter à ces enseignements. J’ai besoin de faire une pause pour voir ce qui pourra germer à nouveau dans le futur. L’association se met au repos mais ne disparaît pas. Tout est ouvert, tout est possible.

Je me suis souvent demandée pourquoi Shiva était, de la trinité hindouiste, le dieu si souvent représenté alors qu’il est celui qui amène la destruction, la mort. Mais c’est également celui qui permet la renaissance. C’est celui qui danse, dans un cercle de feu, qui nous rappelle l’existence des cycles de la vie, de la nature, l’impermanence.

Accepter la fin c’est donc pouvoir ouvrir l’espace du futur.

C’est ça que je garde aujourd’hui comme petit mantra au fond de mon cœur. Quand la mélancolie me prend, quand la tristesse me serre, quand le doute m’inquiète. Je respire et je dis merci. Et je souris. Parce que la vie est belle.

Avec amour et gratitude,

Céline

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